Champagne et muselets

   La jolie baronne Jeanne de Thierzy avait bien des soucis pour maîtriser les élans de son cœur, elle succombait bien trop souvent à l’appel de la chair que ne manquaient pas de lui lancer les mâles de la région.
   De son côté, ce brave moine de Dom Pérignon avait lui aussi bien des tracas. Le vin blanc tiré des vignobles de son monastère était des plus goûteux, mais il n’arrivait pas à se débarrasser de ces satanées bulles qui le faisaient pétiller comme vulgaire piquette

   Ils habitaient la même région, et le moine et la baronne se rencontraient souvent dans l’ombre mystérieuse d’un confessionnal. Après l’avoir entendue, il lui concéda une énième absolution pour le pardon de ses égarements. Puis elle goutta son vin, elle le trouva délicieux, et lui demanda de surtout n’en rien changer, et le conserver dans son état. Comme elle avait ses entrées à la Cour, notre bon moine qui n’était pas sévère lui proposa en pénitence d’offrir une caisse de ce vin à la table de Versailles.
   Le succès fut immédiat, et dès ce jour la presque totalité de la production du monastère fut réservée à la consommation de la cour de Louis XIV. Louis XV appréciera aussi cette boisson de fête. Quand à Louis XVI, le champagne ne l’amusait que par l’explosion du bouchon de liège qui sautait au plafond. Napoléon lui rendit ses lettres de noblesse. D’abord il appréciait son goût incomparable, mais surtout son meilleur ami s’appelait Moët, il était le maire de la ville d’Epernay, et le fondateur de la maison Moët et Chandon. Comme le produit se vendait bien, presque tous les producteurs Champenois se mirent à sa fabrication et les marques se multiplièrent. Le champagne inonda alors Paris et cette fin du 19è siècle, de sa renommée et de son incomparable saveur. Son apogée se situera dans les années folles. Dès lors il conservera l’image festive que nous lui connaissons encore aujourd’hui.

   L’usage du bouchon de liège appliqué à la bouteille de verre, date de la fin du 17è siècle. Ce sont les moines et les pèlerins qui, rentrant de Compostelle, utilisèrent pour fermer leur gourde de voyage ce système de fermeture étanche, bien connu en Espagne et au Portugal. L’histoire ne précise pas si la gourde contenait du Porto, du Xérès ou de l’eau, peut être bénite.
   Pour le vin, passe encore, mais arriver à bien fermer une bouteille de champagne est une toute autre histoire! On devra alors recourir à un ficelage beaucoup plus rigoureux, pour eviter le risque d’expulsion de ce bouchon.
   Un fil de chanvre tressé enveloppera alors le goulot de la bouteille et musellera le bouchon, pour le fixer définitivement. Opération laborieuse, qui exigeait un grand savoir faire, et surtout beaucoup de temps. Le système hélas s’est avéré trop fragile! Dans les caves humides la ficelle risquait de se détériorer puis de se rompre. Pis encore, sous sa poussée, elle entamait le bouchon et laissait s’échapper les gaz.
   En 1844, un certain Adolphe Jacquesson dépose un brevet. Il intercale une plaquette de métal entre ficelle et bouchon, ce qui réparti les forces de pression, et évite de blesser le bouchon de liège. Alors on passera successivement du muselet en chanvre, a un combiné: chanvre plus fil de fer, puis au muselet en fil de fer torsadé à trois branches et définitivement à celui à quatre branches. On ajoutera enfin l’anneau de plomb, puis de torsade, qui permettra un serrage et un débridage plus aisés. Jusque dans les années 40 le muselet est artisanal, il est souvent préparé à domicile, à la veillée.

   La première plaque de muselet décorée date de 1906, c’est une innovation à porter au crédit de la maison Pol Roger. La décoration ajoutera au coté utile, un peu de couleur et de fantaisie qui permettront de différencier les millésimes, les cuvées et de communiquer sur une image.
   Le muselet prendra alors ses lettres de noblesse, il deviendra objet de décoration, de publicité et bientôt de collection.

   Le collectionneur répondra au doux nom de « Placomusophile », et il dira collectionner les « capsules de champagne ». Les amateurs sont nombreux et ils ont leur salon international à Vertus (en champagne bien sur).
   Il existe différentes capsules, estampées à encoches, estampées sans encoches,estampées en creux, estampées avec un trou carré, avec languette,etc…vaste sujet de collection !
   Sans rêver d’un « Impossible à trouver »; il faut chiner, fouiller dans le fond des vieilles boîtes, se déplacer, faire circuler le bouche à oreilles, et ça marche.
   Il existe environ 15 000 capsules et bien sûr les vignerons ont compris que cette petite chose faisait fureur auprès des collectionneurs qui se multiplient de jour en jour. Les capsules sont diversifiées, débordantes de couleurs et d’imagination: fleurs, figurines, sport, etc.
 
- On ne dit pas : j’ai écouté de la musique, mais j’ai écouté du Mozart
…ne buvez pas "du champagne" …cherchez qui se cache derrière l’étiquette.

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- Il peut faire disparaître la tour Eiffel, déclencher un cataclysme…je n’en ai que faire,…mais qu’il éloigne ses mains de mon verre de champagne !
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- Lorsqu’ Ali Khan épousa Rita Hayworth, il n’était pas prévu moins de quinze bouteilles de champagne par invité
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Mais laissons la conclusion à la spirituelle propriétaire de champagne, madame Bollinger :

"Je bois du champagne lorsque que je suis heureuse, lorsque je suis triste et parfois lorsque je suis seule. Je m’y trempe les lèvres lorsque je suis rassasiée. Il est à mes yeux obligatoire lorsqu’on me tient compagnie ….Sinon jamais je n’y touche, sauf si d’aventure la soif me tenaille".
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Nous le savons c’est NOÉ qui commença à cultiver la vigne et nous l’avons d’ailleurs baptisé: le père et patron de la vigne et des vignerons. Or cette histoire vous a été racontée par une fille NOÉ qui elle aussi collectionne les capsules de champagne… Il ne pouvait pas en être autrement.

Il existe un répertoire des plaques de muselets: « Le LAMBERT » qui en est à sa 6è édition, et il existe un C.D Rom, créé par Gérard HUGER, qui recense plus de 13.000 capsules différentes.