La Bibliothèque de Coimbra
L’université de Coimbra date du XIIIe siècle, elle est la plus ancienne du Portugal.
Le premier roi du Portugal Alphonse-Henriquès s’était installé à Coimbra et en avait fait la capitale du pays dès le XIIe siècle. La capitale fut ensuite déplacée à Lisbonne, et depuis le milieu du XVIe siècle, l’université occupe les bâtiments de l’ancien Palais Royal.
L’université de Coimbra reste une institution de référence mondiale, comme Salamanque en Espagne, La Sorbonne en France Heidelberg en Allemagne et Oxford en Angleterre. Sa bibliothèque a été désignée : « Plus belle bibliothèque universitaire du monde ». C’est la bibliothèque Joanina.
Elle fut offerte à l’université par le roi Joao V, grâce aux fabuleux profits de l’extraction des diamants du Brésil. Ses murs de 3 m. d’épaisseur permettent une température constante.
Quand la porte monumentale de la bibliothèque Joanina de l’université de Coimbra s’entrebâille et vous permet d’y pénétrer (uniquement par groupe de 10 et toutes les demi-heures), l’amateur de beaux livres se retrouve au paradis, souffle coupé. Le décor monumental d’une succession de trois immenses salles séparées par des arcades, avec des plafonds à caissons décorés à 10m de hauteur, un ensemble de boiseries dorées et de balcons qui courent à mi-hauteur dans chacune des salles, et le silence impressionnant, propre à toutes les bibliothèques du monde.
La bibliothèque de l’Université de Coimbra possédait un million de livres et était autrefois la bibliothèque de tout le Portugal. La grande majorité de ces volumes a été répartie dans de nouvelles salles modernes, mais la bibliothèque Joanina possède encore 30.000 livres, choisis parmi les plus précieux et entretenus avec soin.
Dès qu’un bibliophile parle de l’entretien des vieux livres, un frisson lui parcoure l’échine, et il envisage le pire. Plus sournois qu’un incendie, les papillons, vers, mites et insectes de toutes sortes se régalent des pages d’un vieux grimoire, et le transforment très vite en un lamentable tas de poussière... Alors, on veille à l’hygrométrie, on vaporise des insecticides, on congèle ou on étuve les livres les plus mutilés, bref on répare.
Mais à la bibliothèque Joanina, depuis plus d’un siècle, un dispositif bien plus original vient compléter cette protection. On s’étonnait de la bonne conservation des livres lorsqu’on s’est aperçu qu’une colonie de chauve-souris avait envahi les lieux, et que dès la nuit tombée et la bibliothèque fermée, une folle ronde de ces petits prédateurs peuplait les airs, à la recherche de tout ce qui peut se dévorer comme insecte volant. On a aménagé des ouvertures pour faciliter leur circulation.
Formule efficace, invisible, et non polluante, si ce n’est les grands tapis de cuir qui sont étendus chaque soir sur les immenses tables de lecture pour les protéger des déjections.
La tradition qui conduit les étudiants de Coimbra à travers les rues piétonnes et pentues, harnachés de leur grande cape noire traditionnelle et de leur faluche, noire aussi, accrochée au crâne, leur donne un air d’oiseaux nocturnes…Mimétisme bienveillant peut-être avec la chauve-souris, gardienne de leur bibliothèque ?