9 janvier 2012

Saint-Uze

En cette fin du 19è siècle, lorsque les frères Revol découvrent  » aux roches qui dansent  » près de St. Uze une carrière de kaolin, ils pensent comme tous les céramistes de France, faire une porcelaine fine type Limoges. Cela n’a pas été le cas. Malgré tout, ils inventent un nouveau matériau: la porcelaine à feu ou hygio-cérame. Le29 messidor an IX le jury du département de la Drôme, en vue de l’exposition industrielle de Paris, commentait les produits Revol en ces termes:  » après différentes épreuves nous avons reconnu que ces céramiques offrent le précieux avantage de n’exiger aucune couverte métallique et ne devoir leur vernis qu’à un commencement de vitrification de leur propre substance sur laquelle, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur les acides ne nous ont paru avoir aucune action. L’utilité d’un établissement aussi essentiel aux besoins journaliers de la vie domestique, ainsi qu’à qu’à ceux des arts, nous a inspiré un vif interêt, attendu que la résistance de ces céramiques à l’effet des acides, les rend propres à contenir et conserver touite espèce de liqueur, surtout celles pour lesquelles la lumière exerce de l’influence »
 
Tout d’abord brune ou blanche, les progrès de la chimie vont permettre, vers 1890, de varier les couleurs. Puis vers 1902 le coulage va permettre de fabriquer «en série » des formes plus sophistiquées. La production prend de l’ampleur et en 1930 Revol fabriquait 200 000 cruches à bière et autant d’ encriers.
 
La première bouteille d’alcool apparaît en 1873 pour Bardinet.
  Revol édite alors deux catalogues spécialisés sur les bouteilles d’alcool vers 1930 et 1950. Le choix est important. De nombreux liquoristes passent commande. Parmi les plus connus nous citerons: Marie Brizard- Cazanove –Cointreau -Benoit Serre -Dolfi – etc…
   Les modèles présentés sont standards. C’est pourquoi on peut trouver des bouteilles de formes identiques chez des distillateurs différents. Revol proposait des modèles spéciaux, créés à la demande, sous réserve d’en commander un minimum de 10 000. Dans ce cas, le liquoriste avait l’exclusivité du modèle.
  C’est le cas du Cyrano de Bergerac, de Lassauvajeu, que nous connaissons bien, ou du Menestrel de chez Monin.
  En 1953 le gouvernement va promulguer une série de lois pour lutter contre l’ alcoolisme: taxe relevées, publicité interdite. La consommation va chuter et de nombreux liquoristes vont être obligés de cesser leur production. Par exemple la maison Bardinet qui commandait chaque année un million de bouteille n’en achète plus que mille cinq cent.
 
 Revol va réorienter sa production vers les arts de la table, surtout destinés à l’hôtellerie. Néanmoins il continue à produire des bouteilles d’alcool, en majorité pour les Cognac et l’Armagnac.
  Ce sont les antiquités de demain.

(source: Roland LAPLAUD)